Gobing

Sibylle

La trouée

 

Présentation

Devant le nom, son prénom Michèle s’efface.

Le visage auréolé d’un halo doré, le regard outre-mer, femme d’ici et d’ailleurs, captatrice du fugitif et peintre de la pérennité, Gobing joue l'ambiguïté.

Une ambiguité qui se retrouve dans la matière utilisée. La laque n’est-elle pas l’expression précise d’une mixture entre un froid glacé, perceptible au travers de la brillance et une chaleur exquise filtrant entre les teintes ? Gobing maîtrise merveilleusement cet art du mélange parfait de la substance, vouée sinon à l’éternité, tout au moins à traverser les siècles sous une couche glacée mais l’émanation d’émotions, de chaleur, d’atmosphères.

Parcours

D'origine allemande, Gobing est née en 1943 à Paris. C'est dans cette ville qu'elle a fréquenté et obtenu le diplôme des Arts Appliqués de la ville de Paris en publicité et laque. Puis de 1965 à 1968 l’école les Beaux-Arts de Paris, elle a été éIève de Brianchon pour la peinture et d’Adam pour la sculpture, ensuite elle a très vite opté pour l'art difficile de la laque.

En plus de ses titres académiques, Michèle Gobing possède un diplôme de laque de l'Atelier Corromandel et un diplôme de publicité. Elle se consacre entièrement à son art dont elle vit. Sa première exposition remonte à 1965. En 1981, le Musée des Arts Décoratifs de Paris a acheté ses miniatures. Après la France et l'Allemagne, elle expose depuis de nombreuses années en Suisse à la galerie Annie Chevalley.

Techniques

Cela fait quarante ans maintenant, que Gobing affine ses méthodes, applique ses couches selon un processus complètement pensé à l'avance. Avec une dextérité toute particulière elle sait intervenir dans l'empire de la coloration par oxydation. Stoppant au millimètre près la teinte qui rendra l'émotion d'un moment, une impression à nulle autre comparable. Gobing applique, ponce, manie les acides, joue avec les reflets. A chaque minute, elle doit relever son panneau pour en apprécier les effets. Plus les supports sont grands. plus l'effort physique est sollicité. Outre l'imagination, le talent, la patience, la connaissance et la maîtrise des matières, être laquiste requiert une certaine force physique.

Chez Gobing, les sujets se rapportent toujours à des moments de vie. Certains sentiments exprimés, des mises en scène d'émotions, la traduction d'un instant magique, d'une odeur, d'un climat sont autant de notes en équilibre exprimant des états d'âme. Chacun les ressentira à sa manière, mais, sous la laque glacée un courant spirituel, interpelle une conscience enfouie qui fait tressaillir une fibre profonde chez le spectateur.

Bien qu'elle ait travaillé de nombreuses années avec un laqueur chinois, l'artiste précise qu'il reste en ce domaine de nombreuses découvertes à faire. Utilisée par les Chinois dès le 3e siècle avant notre ère, la laque, matière résineuse très résistante, voire inaltérable était autrefois préparée avec de la résine de sumac ou celle de cochenille. Aujourd'hui, il s'agit de nitrocellulose, ou de substances insolubles et de mordant combinés. La qualité première du produit reste son imputrescibilité, lui assurant une durée de vie au-delà de quatre siècles...

Ainsi, la lointaine descendance des amoureux et collectionneurs de laques pourront-ils encore admirer intacts les vestiges de notre siècle, alors que l'arbre généalogique les placera au faite de la hiérarchie familiale.

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